Rédigé à 13:06 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, témoignage | Lien permanent | Commentaires (1)
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« FILLE DE GARDIENNE TU ES, GARDIENNE TU SERAS »
Bah non, vieille adage ce n'est pas forcément vrai ce petit présage
En 1972, mon grand-père décide de fuir, comme la plupart des Portugais, le beau et merveilleux Portugal, et oui le mot juste est fuir car avec Salazar au pouvoir la vie n’était pas forcément rigolote pour tout le monde.
Après avoir traversé, enjambé, sauté et survécu à tout ce périple, le voilà arrivé dans la banlieue de Villejuif … il y commence un petit job dans une entreprise de métaux, 2 ans après ma grand-mère le rejoint accompagnée de sa première fille … ma maman Angela.
Ma grand-mère commence à travailler dans une usine de saucisses pendant que la petite Angela était gardée par d’autres familles de Portugais en attente de travail.
Et puis un jour, un poste de concierge se libère à la capitale !
15 rue poussin dans le très chic XVIe arrondissement! Quelle aubaine, ni une ni deux mes grands-parents décident de prendre le poste surtout que Maria (et oui c'est ma grand-mère) venait tout juste de perdre son poste à l'usine.
Voilà que la famille Dos Santos s'installe alors dans une petite loge d'une quinzaine de mètres carrés. Pas de douche, pas de lavabos, comment on prend la douche ? Bah dans une bassine pardi est dès que le “sabão rosa” a bien moussé, mamie Maria déverse une bassine d’eau tiède pour rincer tout ça.
Dans cette petite loge beaucoup de choses se sont passé, une deuxième fille est née Maria Joao (ma tata), des Noël à quinze sans avoir d’espace pour bouger, mais ce n'était pas grave, la nourriture était sur la table, la famille était assise autour, et c’est tout ce qui comptait.
Et puis en 1996, Angela décide elle aussi de devenir gardienne, j'avais 6 ans, elle a sacrifié sa carrière de coiffeuse pour s'installer elle aussi dans le XVIe arrondissement au 37 rue D'Auteuil afin que ma petite sœur et moi-même puissions bénéficier des meilleures écoles que la capitale pût nous donner.
Honte de ça !? Moi jamais.
J’ai aidé ma maman à faire les escaliers, à monter le courrier, à nettoyer l’entrée de l'immeuble, à faire les cuivres, sans jamais avoir honte, mais oui parce que j'étais fière d'aider ma mère.
Je crois même que ce sentiment qu’on appelle « fierté » est purement Portugais.
Je suis fière d'avoir eu comme base une éducation simple, basée sur le respect, la bienveillance et le bonheur car oui, malgré la petite loge à partager à quatre, bah on y était heureux. Un jardin ? Bah oui, la cour de l'immeuble faisait office de grand jardin bétonne où ma sœur et moi imaginions tout un tas d'histoires et de bêtises à faire. Je me rappelle encore les soirs d'été, juste avant que notre « querido mês de agosto » n'arrive, on se baladait avec nos cousins et parents au bois de Boulogne et on terminait la soirée les adultes dans la loge et les enfants dans la cour à sauter à la corde et à jouer au ballon de foot.
Attention, je ne peux pas dire que tout ça a été facile tous les jours, car plus les années passaient et plus la « petite cage dorée » devenait serrée, la douche dans la cuisine, les toilettes dans la cour et oui je ne vous dis pas la trouille que j'avais quand je devais y aller durant la nuit, parfois je préférais souffrir plutôt que de m'aventurer dans cette cour ! C'était aussi mon refuge pour étudier car pas d'espace pour faire les devoirs ou réviser, c'était le seul espace où on pouvait être réellement seul. Et oui, car pas de chambre, le dodo avec ma sœur sur une mezzanine et mes parents sur le clic-clac juste en dessous, je ne vous dis pas le niveau d’intimité tant pour eux que pour nous.
Ce que je souhaite faire passer comme message c’est que même si toute cette génération n'était pas prédestinée à devenir « concierge » car beaucoup d'entre eux étaient diplômés de grandes écoles et pouvaient endosser des postes très importants et bien ils se sont simplement et humblement assujetti à ce poste-là, sans jamais rien attendre en retour mais juste pour procurer à leur famille une meilleure vie, bien mieux que celle qu'ils ne pouvaient avoir au Portugal.
Aujourd'hui je peux dire que je suis fière d'être petite fille et fille de gardienne et plus encore d’ être portugaise, car nous sommes un peuple avec un passé tellement glorieux qui, je suis sûre, a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui, avec une force, un courage et une soif de réussir que très peu de peuples ont en eux … Mamie, Maman, Merci…
Sarah
Rédigé à 16:05 dans Emigration portugaise, LES ENFANTS DE LA CONCIERGE | Lien permanent | Commentaires (0)
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Il est souvent difficile de parler d’un pan de sa vie, sans que certaines émotions furtives viennent se glacer sur la page, mais comment ne pas parler de celle de « l’enfant de la concierge ».
Ma mère Irène Coelho Borges, petit bout de femme d’un mètre 58, dont la force et volonté de travail étaient aussi impressionnants qu’une armée de 10.000 hommes, arriva en France en février 1967 avec le souhait de rester quelques années pour repartir ouvrir son salon de couture du coté de Lisbonne.
Son destin la fit croiser les pas d’un Minhoto de Ponte de Lima, mon père, et l’obligea à transformer ses rêves de retour au pays en ceux de mère de famille.
Sa « patronne » de l’époque fit en sorte de lui trouver la loge d’un immeuble cossu du 17eme arrondissement dont sa petite superficie était lugubre, avec une seule fenêtre, voyant les toilettes et la « douche » en dehors de « l’appartement de fonction » puisqu’ils étaient à la cave.
Ma mère en fit un nid indéfinissable d’amour, ne pouvant cependant enlever les barreaux aux fenêtres de la porte d’entrée de couleur marron qui traverse encore ma mémoire d’homme.
Nous sommes restés 4 ans avant d’être parachutés dans les beaux quartiers de Neuilly sur Seine en 1976. Un immeuble magnifique, bourgeois et de taille humaine qui vit arriver « La famille DA SILVA ». Tel un métronome la journée était rythmé par les impondérables quotidiens. De la sortie des poubelles à 7heures, à la réception des clefs, colis en tout genre, dérangements à n’importe quelle heure, notre vie était à « la merci » de l‘emploi du temps de la femme aux « trois poumons ».
Combien de « oui madame, bien madame », ai-je entendu, combien de sonnerie à 22h ou minuit « désolé, j’ai oublié mes clefs, vous n’avez pas du pain ou une pomme » ont déferlé, sans aucune retenues, combien ? Mais au travers de ces lignes, malgré la dureté et parfois l’injustice de moments que j’ai pu vivre, j’ai connu le dévouement, la volonté de faire bien son travail, le fait d’être irréprochable et de ne pas faire de vagues. Au hit parade des phrases à double sens le « elle est gentille Maria Irène », la dévotion de « celle qui ne dit jamais non » atteignait des sans limites, la gardienne préparant souvent des petites soupes aux personnes de l’immeuble qui rentraient de vacances et qui avaient le réfrigérateur vide (n’oubliant pas d’accompagner d’une salade de tomates et d’un gâteau au chocolat).
Ma mère fut un exemple de caractère, de don de soi, cette loge un endroit où malgré les 36 m2 où nous vivions tous les 4, devenait un phare familial où nous nous réunissions oncles, tantes et cousins le dimanche, ainsi que jours fériés autour des plats de notre Portugal et soulevant les commentaires du lendemain « Maria Irène, nous sommes passés dans le hall hier et il y avait une magnifique odeur de cuisine ? Qu’avez-vous fait cette fois ? « Trois fois rien madame, quelque chose de simple » oubliant de préciser que sa simplicité culinaire était souvent un doux euphémisme.
Nous avions transformé, nous les fils de la concierge, notre boulevard en terrain de jeu où nous inventions des matchs de football avec les fils des personnes où ma mère et mon étoile étaient gardiennes et d’autres encore.
Il m’arrive parfois de passer devant la grille de ces adresses, riches à ma vie, où mon regard d’adulte me permet de penser que grâce à cette concierge et ses sacrifices, ses fils ont pu faire des études, grâce à cette gentillesse et lumière qu’elle a pu dégager tout au long de sa vie et dans ses loges respectives, elle nous donna, mon frère et moi une force indélébile, celle de la compassion.
Je n’ai aucune amertume d’être le fils de la concierge, peut être des questions qui resteront sans réponses mais je pense pouvoir exprimer un sentiment de gratitude vis-à-vis de ma mère et de son être pour tout ce qu’elle a pu montrer devant des situations difficiles, ingrates et parfois injustes.
Ma mère est un exemple et être son fils, « le fils de la concierge », une fierté.
Victor DA SILVA
Rédigé à 17:55 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE | Lien permanent | Commentaires (0)
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Mes parents sont arrivés en France dans les années 70, chacun de leur côté.
Pour ma mère ce ne fut pas un choix personnel mais plutôt un départ forcé, concernant mon père se fut plus simple, un regroupement familial s’imposait, mes grands -parents étant déjà installés en région parisienne.
Ils se sont rencontrés l’été de l’année 79, sur le marché de Saint-Germain-des -Prés… mon père était fleuriste (un sacré coup de pouce pour séduire une femme !) et ma mère flânait avec son frère, dont l’épouse était gardienne d’immeuble dans ce même quartier.
Très rapidement le mariage et les enfants suivirent… Pour ma part, je suis née au Portugal, ma mère n’ayant pas de papier, mon frère a vu le jour en France un an plus tard à Neuilly.
Nous habitions dans un studio à LEVALLOIS PERRET, et en 84 ma mère obtient le saint graal : une loge de concierge, dans le quartier de Montparnasse, son quartier de prédilection puisque sa sœur, et bon nombre d’amis de notre région du Portugal y étaient installés…
On a donc emménagé dans une petite maison surélevée au milieu d’une cour entourée de deux grands immeubles de 6 étages…
Au rez-de-chaussée la pièce principale faisait office de : salon/salle à manger, chambre à coucher (pour mes parents) et salle de bains… surprenant ? Pas tant que ça ! N’ayant pas de salle de bains, nous étions équipés d’une grande bassine, que nous remplissions d’eau afin de nous laver, une à deux fois par semaine. Nous avions une mini cuisine, dans laquelle en tournant sur soi-même on avait accès à l’évier, dans lequel nous faisions aussi bien notre toilette que la vaisselle, la gazinière, le frigo et le placard ! A l’étage, une chambre que je partageais avec mon frère. Concernant les toilettes, tout se passait à l’extérieur… un peu comme dans la petite maison dans la prairie mais en plein cœur de Paris ! Et oui, il fallait traverser la cour et se diriger vers la cave… Heureusement mon père avait aménagé cet espace au mieux pour que nous n’ayons pas peur mais je ne pouvais m’empêcher de craindre qu’une souris ne fasse son apparition, et bien évidemment cela finit par se produire plus d’une fois !
N’ayant pas beaucoup de place à la maison, on passait la majorité de notre temps dans la cour, où l’on pouvait jouer à chat, cache-cache, corde à sauter … les locataires étaient compréhensifs et adorables avec nous. Il faut dire que pour beaucoup ils étaient âgés et nous traitaient un peu comme leurs petits-enfants… On avait le droit aux bonbons, chocolats, une petite pièce…
Bien évidemment nous n’avions pas le droit d’inviter d’amis à la maison, pas de place, et trop compliqué d’expliquer l’absence de salle de bains… pour ma part, je dois avouer que l’envie d’en inviter ne m’effleurait même pas l’esprit… Mais les anniversaires et autres événements étaient l’occasion de recevoir la famille, et même si la maison était petite il y avait toujours de la place pour tout le monde.
Ma mère s’occupait de l’entretien de l’immeuble, quelques heures de ménage dans une maison de retraite, et les courses pour des personnes âgées… Mon père était primeur et le week-end il avait bien souvent des « bricoles » à faire pour les locataires… Il était rare que l’on ne soit pas dérangé et cela quelle que soit l’heure ou le jour, pas de dimanche ou de jours fériés … mes parents ont toujours été avenants et disponibles.
En 95, le syndic nous a réservé une belle surprise ! Suite à de gros travaux dans l’immeuble, on a déménagé dans un appartement avec 2 chambres et une vraie salle de bains ! Un luxe pour nous ! Dans la foulée, ils ont proposé à ma mère un poste à temps complet de gardienne d’immeuble, ce qui a changé notre vie au quotidien. Elle était là pour nous préparer nos déjeuners (fini la cantine !), nos goûters…
Et puis le temps est passé ... Pour ma part je suis restée sur PARIS et pas très loin du quartier ou j’ai grandi…. Du coup, Maman est devenue la SUPER MAMIE ! Ce métier lui laissant pas mal de temps libre, ma fille n’a jamais déjeuné à la cantine ou fait la sieste à l’école ! Les locataires sont toujours aussi gentils et ils sont heureux de voir la nouvelle génération grandir !
A présent, ma mère ne travaille plus pour des raisons de santé, mais elle habite toujours dans la loge. Elle n’effectue plus les tâches difficiles, mais elle rend toujours service : clé, colis, ascenseur en panne… et on le lui rend bien.
Quitter cet appartement et le quartier sera probablement un déchirement le moment venu pour elle mais aussi pour nous…
La profession de ma mère ou la taille de ma maison n’a en rien affecté mon enfance qui a été heureuse et saine.
Mes parents ont fait le choix de rester sur Paris afin de nous offrir le meilleur : de bonnes écoles, un environnement stable, la famille) à proximité… et même si notre maison était petite, elle était la plus douillette !
Rose Pereira
Rédigé à 18:52 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE | Lien permanent | Commentaires (0)
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Ma mère est arrivée en France en 1972, à Clichy-la Garenne, la veille de ses 16 ans. Moins d’une semaine après, elle travaillait déjà dans une clinique obstétricienne, où elle enchaînait les tâches – ménage, cuisine, distribution des repas aux patientes, changement des lits, etc. Par la suite, elle a également travaillé dans une usine d’emballage, puis en tant que nourrice dans une famille aisée avenue Foch, tandis qu’elle faisait en parallèle et depuis le début, des ménages dans des bureaux le soir.
Elle a emménagé pour la première fois dans une loge, avec mon père – chauffeur-routier à l’époque – en 1979. Mais ce n’était pas un temps-plein, elle devait toujours se rendre à l’autre bout de Paris en métro, bientôt avec mon grand frère dans les bras, pour travailler. Et la loge était petite : à peine 25 m2, avec WC dans la cour et sans aucune salle de bain. Mes parents et mon frère y ont vécu pendant six ans, avant que la loge dans l’immeuble deux numéros de rue plus loin ne se libère, en 1985. Un logement de 60 m2, avec possibilité de faire deux chambres, et une gigantesque hauteur sous plafond. Et surtout, une loge à temps plein. Comme pour beaucoup, cela a sonné comme un soulagement ; plus besoin de prendre les transports avec son bébé dans les bras pour aller travailler, possibilité de l’emmener et d’aller le chercher à l’école, et de continuer à faire des heures de ménage à côté…
C’est dans cette loge où je suis née, où j’ai vécu 25 ans, et où mes parents sont restés jusqu’à la retraite de ma mère, en décembre dernier. Je n’ai jamais connu le syndrome du fils de la gardienne dans le film La cage dorée, qui, face à ses camarades parisiens, a honte d’assumer le travail de sa mère. Pourtant, son histoire et la mienne ont plusieurs ressemblances : élevés dans un immeuble plutôt chic, avec des familles aisées qui partageaient souvent avec nous leur intimité (sans forcément qu’on le demande d’ailleurs !), mère totalement dédiée à son travail, scolarisés dans des établissements plutôt côtés et côtoyant donc des amis de « classes sociales » assez différentes.
Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais eu honte de dire que j’étais fille de gardienne (à titre personnel, je n’ai jamais eu de problème avec le terme « concierge », mais je sais que ma mère préfère celui de « gardienne », choix que je respecte). Evidemment, la taille de notre logement n’était pas idéale dans une vie d’adolescente : la paroi qui séparait ma chambre de celle de mes parents n’allait pas jusqu’au plafond, et mon frère dormait dans une mezzanine dans le salon. Mais cela n’a pas empêché mes parents de me laisser accueillir à deux reprises ma correspondante allemande pendant une semaine complète, ou de me laisser inviter des copines (parfois toutes les semaines !) à dormir à la maison.
Petite, l’immeuble était pour moi un terrain de jeu. Je garde de très bons souvenirs de la distribution en porte-à-porte du courrier, lorsque j’accompagnais ma mère, qui sonnait alors à presque tous les appartements pour remettre enveloppes et colis en main propre. J’ai toujours été très chouchoutée par les propriétaires ; conseils pour l’école, pour mon orientation, confiance pour mes premiers pas en tant que baby-sitter, puis au fur et à mesure que les enfants grandissaient, confiance toujours pour que je les aide à faire leurs devoirs, bouclant la boucle.
Je pense aussi bien sûr à « Mamie et Papi », comme je les appelais : un couple, sans enfants, qui m’accueillaient à bras ouverts pendant que ma mère faisait le ménage. Je rêvais alors de jouer du piano, mais c’était (et c’est toujours) un instrument volumineux et cher. Ils en avaient justement un dans leur appartement ; ils m’ont patiemment appris quelques notes et quelques morceaux ; une fierté pour moi. Jusqu’à leur départ en maison de retraite, loin de Paris, ils ont participé à tous mes anniversaires en famille.
Evidemment, il n’y a pas que des aspects positifs : le manque d’intimité – et de tranquillité ! – lorsque l’on sonnait nuit et jour à la porte « Vraiment désolé, j’ai oublié mes clés ; vous pourriez me donner le double ? », « Ma femme est tombée, votre mari peut-il venir l’aider à se relever ? » - Sollicitations auxquelles mes parents ont toujours répondu positivement, et avec le sourire. Car pour eux – et pour moi aussi - , c’était le métier : « rendre service », au-delà des missions « officielles ». Aujourd’hui, dans mon quotidien et dans ma vie professionnelle, je pense et essaie d’être quelqu’un de serviable, dans le vrai sens du terme. Cela n’a pas un sens péjoratif, justement car ma mère m’a appris que c’était justement ce qui donnait de la valeur aux relations humaines. Et j’ai vu que, souvent, cela nous était rendu. Certains propriétaires ont développé de vrais liens d’amitié avec ma mère, avec qui ils partageaient leur vie, leurs secrets. Mes parents ont été invités aux baptêmes d’enfants de l’immeuble, et c’est au tour de jumelles de l’immeuble d’appeler mes parents « Mamie et Papi », même après leur départ de la loge. Et en parlant de départ, autant vous dire que ma mère a eu droit à un superbe pot, offert par les propriétaires (mais elle avait quand même fait des rissois et des pasteis de bacalhau, bien sûr !), et à de très beaux cadeaux.
Quitter la loge a été plus difficile que prévu – et ce même pour mon frère et moi, pourtant partis depuis plusieurs années. J’ai réalisé que c’était la dure vie de gardienne : on lui offre la retraite, mais on lui prend aussi sa « maison », car c’est ce qu’était pour nous la loge, au même titre que notre maison au Portugal. Mais restent les souvenirs, les valeurs apprises, les relations entretenues avec certains propriétaires… et un piano. Et oui : après le décès de mes « Mamie et Papi de l’immeuble », leur famille a décidé de m’offrir le piano, qui sera bientôt dans ma chambre au Portugal.
Aujourd’hui, mes parents profitent du repos bien mérité à Carregal do Sal. Depuis toute petite, j’ai entendu mes parents discuter de la possibilité de quitter la loge, pour partir vivre dans un plus grand espace, plus loin de Paris. Mais ma mère a toujours voulu offrir à mon frère et moi le meilleur, et je sais à quel point elle a travaillé avec courage et sans relâche pour que ce soit le cas. Cet hommage lui est donc bien évidemment dédié, et la conclusion toute trouvée : je suis fière d’être fille de concierge (mais oui maman, ce mot est très bien !).
Magali Madeira
Rédigé à 14:44 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, témoignage | Lien permanent | Commentaires (1)
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L’histoire de ma famille en France a commencé il y a bien longtemps, dans les années 60, comme beaucoup de portugais qui voulaient fuir le régime de Salazar et du même coup donner une vie meilleure à leurs enfants.
Mon grand-père maternel, Germano Machado Garcia a décidé de venir en France en 1961 en laissant sa femme Gracinda Montinho Garcia et ses deux enfants Maria de Fatima (ma mère) et Fernando (mon oncle). Mais à l’époque il fallait ruser pour traverser les frontières, après une longue marche à pied à travers le Portugal puis l’Espagne et un passage dans le coffre d’une voiture puis une seconde, et encore de la marche… bref un voyage de 8 jours à travers le Portugal, l’Espagne et la France.
Il est arrivé à Nanterre (92), mais pas de logement fixe, ni de travail. La vie n’était pas simple pour lui mais avec le temps il a fini par trouver du travail puis un logement. Quelque année plus tard il a trouvé du travail dans une usine du côté d’Orléans (45). En 1968 ma grand-mère est venu le rejoindre quelques années, puis elle est repartie pour s’occuper de ma mère et de mon oncle.
En 1975, ma mère avait 18 ans quand elle est venue rejoindre mon grand-père, à Orléans. Dans un premier temps elle a travaillé comme femme de ménage dans une pharmacie puis comme employée d’étages dans un hôtel.
Mes parents se sont mariés en février 1976 et je suis née le 28 Septembre de la même année.
Mon père en 1977, a décidé de partir s’installer à Paris. J’avais 6 mois quand ils m’ont confié à ma grand-mère maternelle au Portugal, le temps de trouver un travail, de déménager, de s’installer…
A Orleans, mon père a travaillé dans plusieurs usines. En arrivant sur Paris il a commencé à travailler dans une boucherie puis il a gravi les échelons année après année. Il faisait les trois huit par fois, je le voyais peu. Il a travaillé comme chef bouché jusqu’à sa retraite en 2013.
Après plusieurs problèmes de logement, ma mère a fini par trouver un logement et un travail. Elle est devenue concierge d’immeuble au 73 rue Carnot à Levallois Perret (92).
J’avais presque 3 ans quand mon père est venu me chercher. Je pris pour la première fois l’avion, il parait que je ne tenais pas en place, que j’avais mal aux oreilles et que je criais « je veux descendre ».
Les montagnes, les petites ruelles, les chemins ainsi que les champs de Gralhas, ont laissé place au béton de la ville de Levallois Perret. En une journée je suis passée d’une maison à une petite loge de concierge de 20 m². Je ne me souviens évidemment pas de ce que j’ai ressenti, mais ma mère m’a dit que le premier mois était très difficile, je lui disais « je veux retourner chez grand-mère et ta maison est pourrie ».
Le temps a fini par faire son œuvre, j’avais perdu les bras de ma grande mère mais retrouvé ceux de ma mère et finalement je n’ai pas perdu au change. Ma grand-mère était une femme extraordinaire et ma mère est une femme formidable.
Je suis restée avec ma mère jusqu’à ma rentrée à l’école primaire à 5 ans, en CP, (maman voulait rattraper le temps perdu, donc pas de maternelle pour moi). En plus de la loge de concierge comme beaucoup de personne en ce temps-là, elle faisait des heures de ménage et s’occupait d’une petite fille (dans la journée) et le ménage dans des bureaux (le matin très tôt et le soir). Je passais mes journées avec elle chez ses patrons les Rioult, Sophie (la fille de ses patrons) avait 4 ans de plus que moi, mais elle ne m’aimait pas beaucoup car je touchais à ses jouets.
Quand j’y pense elle avait des journées de folies, elle ne dormait pas plus de 5h par nuit.
Je me souviens de ma première rentrée des classes. Il y avait des enfants qui pleuraient, ils ne voulaient pas quitter leurs parents. Je ne comprenais pas trop surtout que pour moi c’était ma mère qui pleurait…
J’ai passé ma primaire dans une école privé catholique, Saint Marie de la Providence à Levallois Perret. J’étais très bavarde et curieuse, je ne tenais pas en place.
Nous sommes restés dans cette petite loge jusqu’à ma rentrée au collège. Même si elle était petite on y était bien. Mes parents organisaient très souvent le dimanche des petites fêtes ou des déjeunés en famille. Je me souviens de mon parrain qui jouait parfois de l’accordéon, pendant que mes cousins et moi jouions dans la cour. Cette cour pour moi était comme ma résidence secondaire, j’en y ai passé du temps.
Il y avait une boucherie à gauche de l’immeuble et une boulangerie à droite. Je me souviens de la bonne odeur du pain et des croissants, car le four de la boulangerie donnait sur la cour.
Ma mère s’était lier d’amitié avec la bouchère, ils avaient également une fille. Stéphanie avait 3 ans de plus que moi, nous jouions très souvent ensemble. Ils avaient aussi une chienne, elle était super grande, Laxmy elle s’appelait. J’allais de temps en temps la promener.
Nous avons eu de très bon moment dans cette loge, j’y ai très peu de mauvais souvenir. Entre mes 8 et 10 ans j’allais avec ma mère faire le ménage dans un petit bureau du trésor public sur la place de la planchette à Levallois. Je vidais les poubelles pendant que ma mère faisait les poussières et l’aspirateur. Pour moi il s’agissait plus d’un jeu que d’un travail.
Mon moment préfère de l’année était, le mois d’août je retrouvais mes grands-parents, et les montagnes de Gralhas. Le mois d’août touchant à sa fin, il fallait rentrer à Levallois, mais toujours avec un pincement au cœur. Pour ne pas être trop triste je me disais, qu’il allait y avoir mon anniversaire et noël, les deux fêtes les plus importantes pour moi et puis je savais que j’allais revenir.
En 1988, nous avons déménagé au 15 rue Verniquet 75017 Paris, cette fois la loge était plus grande. J’avais un espace plus grand pour moi, un peu comme une petite chambre avec une mezzanine.
Vu que j’étais plus grande, j’aidais un peu plus ma mère dans ses tâches quotidiennes. Je l’aidais à nettoyer les escaliers de l’immeuble et à distribuer le courrier. Comme j’étais la fille de la concierge les gens me faisaient plus confiance et de nombreux parents me proposaient de faire du babysitting.
Etant enfant puis adolescente, je n’ai jamais eu l’impression d’être différente des autres enfants de ma classe. Bien sûr je n’avais pas de vraie chambre, j’avais un petit chez moi mais l’important c’est d’être heureux et peu importe nos origines.
En 1995 nous sommes retournés à Levallois mais cette fois plus en tant que concierge. Mes parents ont acheté un appartement et j’ai eu enfin ma chambre. Ma mère a mis un point final à son métier de concierge.
Aujourd’hui, je tiens à remercier mes parents et à les félicités pour leurs parcours incroyables, ils n’ont pas eu une vie facile mais ils peuvent être fière d’eux. J’ai la chance d’avoir eu une enfance plutôt heureuse mais surtout d’avoir eu des parents formidables. Merci à vous deux.
Grace C Garcia
Rédigé à 22:55 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, témoignage | Lien permanent | Commentaires (0)
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Mon père Artur MADEIRA CARNEIRO jeune marié à Olimpia MARTINS SEQUEIRA, laisse au Portugal sa famille, constituée alors de mon frère Manuel Domingos et Antonio Delfim. Se lançant dans une longue marche qui durera un mois. Il arriva en 1964, dans le nord de Paris, plus exactement dans la région de la Picardie. Après deux années passées loin de sa famille, en janvier 66, il fit venir son épouse et mon frère plus âgé par le train, trajet qui durait deux longues journées.
Antonio resta avec ma grand-mère paternelle, alors trop petit pour faire le trajet, c’est ainsi que je vis le jour en septembre 66.
Elle apprit quelque temps plus tard que mon benjamin était décédé d’une pneumonie.
Après les funérailles, ils décidèrent de descendre sur Paris car nous vivions dans une caravane et le travail était plus abondant.
Nous Arrivâmes au 109 rue Lamarck 75018 Paris, étant fils d'immigrés Portugais, il était difficile, quasiment impossible de se faire une place parmi la communauté Française. Deux sus croient quand vous êtes gardiens d'immeuble. Je me souviens que ma mère faisait les escaliers jusqu'au 6éme étage, le samedi. Dépoussiérage, ballais, brosse métallique et pour finir elle passait la cire. Cela prenait la matinée pour tout faire, et comme j'étais un gentil garçon, je l'aidais pour le nettoyage.
Durant la semaine, nous nous levions vers 6h00 du matin, ma mère nous faisait vite fait le petit déjeuner avant d’aller sortir les poubelles et nettoyer l’entrée de l’immeuble, mon frère avait la charge de m’emmener à l’école pour l’ouverture des classe à 8h20, pendant que ma maman s’activait a distribué le courrier. Mon père quant à lui était peintre en bâtiments, il ne pouvait aider son épouse car il commençait vers 8h30 et il n’avait pas de voiture à l’époque. Une fois le marathon de ma créatrice fini vers 9h30, elle commençait ses heures de ménages chez des particuliers.
Comme toutes les autres bonnes épouses Latines, je pense. Mon frère et moi allions à l'école, moi à la maternelle rue Lamarck à côté du métro Lamarck Caulaincourt et lui à la primaire Damrémont. Quelques années après, je me suis retrouvé à l'école primaire Joseph De Maistre et lui dans une école spécialisée à son handicap. En sortant de l'école, nous aidions nos parents comme nous le pouvions malgré nos jeunes âges. Vers 20h30, mes parents devaient faire le ménage dans un bureau, rue Duhesme, j'y allais volontiers vider les corbeilles et nettoyer les cendriers, car c’était un bureau publicitaire et il y avait pleins de jouets. Quelques-uns venaient dans mes poches en guise de récompense (mais ça, c’est une autre histoire) !! J
Ma maman faisait aussi de la couture, ourlets, reprises etc…
C’est ainsi qu’elle m’a appris à coudre à la machine. Du haut de mes 8 ans, je m’activais sur cette fameuse machine mécanique de marque Singer (Sans faire de publicité). Parfois, quand elle n’avait pas le temps de faire ses retouches, c’était moi qui les faisais, je jubilais de voir les gens ébaillis quand ils savaient que c’était moi qui l’avais fait et me donnais une petite pièce.
Les journées et les années passant, nous nous sommes retrouvés gardiens d’immeuble au 23 rue Ganneron 75018 à Paris. Toujours avec le même train-train quotidien, mais cette fois-ci la bonne odeur du bois ciré et la convivialité des locataires avait laissé la place au marbre et à des bureaux.
Dans le va et viens des gens du tertiaire qui ne faisait que rentrer et sortir sous la pluie, salissant ainsi le hall d’entrée, les serpillères et le savon liquide avait remplacé le ballait et la bonne cire d’abeille, laissant ainsi un gout amère et sans odeur.
Arthur C. Martins
Rédigé à 21:39 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, témoignage | Lien permanent | Commentaires (0)
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Mes premiers souvenirs sont tous liés à cette loge de concierge du 15ème arrondissement. J’avais près de 20 ans quand nous sommes partis, et je n’ai que des bons souvenirs de cette période. La taille ou le confort du logement, je n’y pensais pas vraiment. On était heureux. Ma mère avait quitté son emploi pour devenir concierge, et ainsi passer plus de temps avec moi. Ce qui lui plaisait c’était le contact avec les gens de l’immeuble. Même en dehors de ses heures de services, sa porte était toujours ouverte, et elle ne disait jamais non quand il s’agissait de rendre service. Ils lui faisaient confiance. Nous faisions toujours notre arbre de Noel dans le hall d’entrée de l’immeuble. Plus tard, après notre départ, quand elle croisera les locataires ou les propriétaires ils lui disaient toujours « comme on vous regrette… ». Et elle aussi ça lui manquait.
De mon côté j’ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables, qui ont partagé beaucoup de choses avec moi. Je me souviens de l’hôtesse de l’air du 5ème étage qui s’était occupé de moi quand ma mère a accouché, qui m’a emmené en vacances dans sa maison de campagne et me faisait partager sa passion pour les voyages et surtout le Japon. Mais il y a surtout eu Jeanne. Jeanne était ma 3ème grand-mère, elle n’avait pas d’enfants ou de petits-enfants, et elle aimait raconter, partager ses passions, transmettre. Elle m’emmenait au musée, voir des expositions, au cinéma, au salon de thé… me parlait énormément de tout ce qu’elle avait vécu pendant la guerre, la libération, ses souvenirs avec ses parents. Elle faisait partie de la famille, je me souviens de sa présence à mes anniversaires, ses encouragements, sa bienveillance. Mes grands-parents vivaient au Portugal, je les voyais peu, mais j’ai eu la chance d’avoir cette relation privilégiée avec Jeanne. Plus tard, j’ai étudié l’histoire de l’art et travaillé dans le tourisme, sans me rendre compte sur le moment de la marque que ces 2 femmes ont laissé en moi.
Ce sont des années heureuses, insouciantes… Je jouais dans la rue avec les autres enfants du quartier. Tout le monde se connaissait, discutait… partageait ses bonheurs et ses tracas. Finalement, je suis un peu comme ma mère… je suis nostalgique de ce temps-là.
Sylvie Leao
Rédigé à 11:13 dans LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, Temoignages | Lien permanent | Commentaires (0)
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Je fais partie de ces enfants lusodescendants dont la maman a été gardienne d'immeuble avec un grand G ! Ce sont mes grands-parents qui sont venus en France pour y trouver un meilleur avenir . Mes parents sont donc arrivés très tôt en France , 7 ans pour mon père et 12 ans pour ma mère.
Ma mère est l'aînée de la famille. A son grand regret, elle n'a pas pu continuer les études et à 16 ans s'en va travailler...
Ici, C'est plutôt les années 80 qui sont donc représentés , puisque c'est en 1983 que mes parents s'installent dans la loge de gardien au 15 rue de la liberté (joli nom de rue) à Vincennes . J'avais 1 an .
Ma maman est gardienne à mi-temps , elle enfile son costume de gardienne le matin et mène cela d'une main de chef ! L'après-midi elle s'habille en jupe tailleur pour aller travailler dans un magasin de belle vaisselle, et au passage elle endosse le rôle de super maman, qu'elle joue magnifiquement bien.
C'est plutôt une chouette loge , plutôt grande , au départ les toilettes étaient à l'extérieur , des toilettes turcs, transformables en douche , du 2 en 1 an. Et puis super papa a construit une vraie salle de bain , pas très grande, mais cette fois-ci à l'intérieur .
Mon frère et moi avions une chambre et mes parents dormaient dans le salon . Le must, c'était la cour ! Au top pour jouer ! Des fêtes de famille il y en a eu, parfois à 20/30 personnes! J'ai plein de jolis souvenirs! Un petit espace n'a jamais empêché de se réunir! Bref on y était bien, loin d'être malheureux .
Dans l'immeuble, dès que l'on croise quelqu'un, ma mère m'apprend à toujours dire bonjour Madame, bonjour Monsieur , c'est important d'être bien élevés ! On tisse des liens aussi avec les habitants, je comprends vite que mes parents sont très aimés , et nous aussi du coup . Ma mère prenait toujours le temps de discuter au passage avec Mr Lecoq , Mr Pastor , Mme Bac et toujours prête à rendre service !
12 ans plus tard , quand nous avons quitté la loge, je pense que tout le monde a eu un vrai pincement au cœur.
Maintenant que je suis "grande" et qu'à mon tour j'ai aussi ma p'tite famille , je ne peux qu'être admirative du parcours de mes parents.
Alors aujourd'hui ,13 avril, jour de ton anniversaire, c'est la bonne journée pour finir ce petit témoignage, et te dire, maman, que tu es une femme exceptionnelle.
Sophie Matos Paula
Rédigé à 14:50 dans Emigration portugaise, LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, Temoignages | Lien permanent | Commentaires (1)
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Portugal, setembro de 1974.
A decorrerem ainda os tempos conturbados do Processo Revolucionário em Curso (PREC).
Em Gralhas - Montalegre sobrevivia-se; como até ali. A lavoura era a única forma de manter famílias mais ou menos numerosas. Procurava-se trabalho e encontrava-se, para poucos, emprego mal remunerado. Apenas com a instrução primária, o desejo era mesmo trabalho, muito, para construir a casa com o conforto desconhecido.
A solução era a França.
Tomada a decisão pede-se ajuda. Encontrada a ajuda, pede-se trabalho. Havendo trabalho quere-se a “casinha”, pequena para dormir, suficiente para se ir andando. Não esqueçamos que os objetivos pautavam-se por um dia voltar com um pequeno “pé de meia” para a tal casa de pedra com que se sonhava.
Eis que surge o paraíso: uma “loja de concierge”… Tem tudo: dá para comer, dormir e ainda dá para ganhar dinheiro. Pagava-se para ter uma loja de “concierge”…
Em 1976 os meus pais vão morar para o 28 Rue Eugène Carrière em Paris 18. Mas para ser pequena esta era mínima. Impensável para os padrões de conforto do filho dos meus pais, que eles ajudaram a definir… ou definiram mesmo.
Anos mais tarde, na mesma rua mas no número 28, têm a sorte irem morar para uma “lojinha” maior. Se a anterior tinha 15 metros quadrados, esta teria 16. Não devo estar muito longe da realidade.
Mais tarde ainda surge a oportunidade – paga – de irem morar para Paris 4, Saint Michel, Ile de la Cité. Uma loja bastante maior mas ainda sem casa de banho. WC na “cour”. Espetáculo: esta tinha quase o dobro do tamanho das anteriores. Habilidoso que é, o meu pai construiu uma Mezzanine que passou a ser o quarto deles. Construiu também uma casa de banho e, pela primeira vez em quase uma dúzia de anos, têm um duche para tomarem banho.
A partir daqui tudo mudou. Viveram-se momentos fantásticos; outros nem tanto. Mas viveu-se. Tinha-se ultrapassado o patamar da sobrevivência e isso era bom. Construíram-se grandes e improváveis relações de amizade, trabalhou-se, ganhou-se algum conforto “na terrinha”, grande objetivo e, a única coisa, até se conseguiu que o filho – quem vos está a escrever estas letras – conseguisse aprender a escrever estas mesmas letras; e isso era a única coisa.
História igual à de milhares de Portuguese que emigraram para França para conseguirem uma melhor vida. É a história também dos meus pais da qual, mais ou menos presente, faço parte. Só que esta história acabou dia 31 de Março 2017. Ao fim de 41 anos a minha mãe deixa de ser “concierge”.
Reformada, volta definitivamente para Portugal. Vem carregada. Carregada de agradecimentos, de carinho, de beijos, de histórias, de “souvenirs”,… cheia. Sempre pela sua maneira de ser e de trabalhar.
Dou comigo, em introspeção, a analisar a minha forma de viver com o facto de os maus pais terem vivido numa “praça de concierge”: se numa primeira fase, até aos 12 - 13 anos, não tinha qualquer ideia acerca disso, a partir dos 14 ou 15 sentia como que alguma vergonha estúpida por não viverem num apartamento nos arredores. Evitava dizer às amigas onde morava nas férias. Teria preferido mentir até.
Hoje nutro uma profunda admiração e respeito, pelo espírito de sacrifício também mas, acima de tudo, pela decência e elevação com que desempenharam uma função muitas vezes subvalorizada.
Obrigado.
José Fernando Moura
«Aux premières loges» Photos de Arnaud Lauqué, journaliste et photographe
Rédigé à 16:47 dans Emigration portugaise, LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, Povo portugues, Temoignages, témoignage | Lien permanent | Commentaires (0)
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Noël dans la loge
Que de merveilleux souvenirs de ces années où ma mère était concierge dans un quartier chic du 17è arrondissement de Paris.
Nous habitions dans une seule pièce, à peine 20m² avec deux petites marches pour délimiter l’espace cuisine, pas de salle de bain et un cabinet de toilette (à la turque évidemment) au fond de la cour.
Malgré ça, il ne m’en reste que des bons souvenirs.
Des liens forts se sont créés avec certains habitants de l’immeuble et plus particulièrement : Irène et Gilbert. Ils n’avaient pas d’enfant, tenaient un kiosque de journaux dans le quartier Saint-Paul.
Irène revenait du kiosque assez tôt dans l’après-midi, pratiquement en même temps que mon retour de la maternelle, alors très souvent je passais du temps chez elle.
A Noël, mes parents, je voulais dire le Père Noël, m’a offert un poupon, Bruno. Mais Bruno n’avait pas de vêtements de rechange, ni de vêtements chauds pour sortir. Alors Irène a beaucoup tricoté : des bonnets, des chaussons, des gilets, un joli manteau et même une couverture pour le landau de Bruno. Quel rêve !
On passait aussi beaucoup de temps à faire des travaux manuels. Irène était une vraie magicienne. Elle prenait une boîte de fromage Kiri, la recouvrait, intérieurement et extérieurement, avec du papier adhésif « Venilia » et je repartais avec une boîte à bijoux. Puis c’était au tour du baril de lessive que nous transformions en petit coffre à trésors.
D’autre fois, c’était un atelier de perles et je repartais, toute contente, avec un nouveau collier.
Gilbert, lui m’offrait des Pif Gadget, qu’Irène me lisait….
Nous avons quitté cette loge pour nous installer dans un petit appartement, l’année où je suis rentrée en CP. Mais j’ai continué à voir Irène et Gilbert très longtemps, jusqu’à leur départ en retraite dans le sud de France….
Elisabeth de Almeida
Rédigé à 09:23 dans Emigration portugaise, LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, Povo portugues, Souvenirs, Temoignages | Lien permanent | Commentaires (0)
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Loge de concierge à Paris - Photo Brassaï
Uma prima afastada da minha mãe pediu-lhe o valor de um ano de trabalho pela loja de "concierge" e em troca apresentou a minha mãe ao" syndic". Quando chegou o momento de assinar o contrato de trabalho, a minha mãe estava toda atrapalhada à procura dos óculos para assinar, até me fez procurar no meu saco, porque sem os óculos ela não via nada. O gerente acabou por me pedir que eu assinasse. E assim fomos morar para o 52 rue de Paradis Paris 10, a rua do cristal e da porcelana, de algumas lojas de casacos de pele e muitos "ateliers de fourrures".
Coisa estranha dos nossos dias, em muitos prédios era a "concierge" que recebia os alugueres para depois levar ao gerente, aquilo foi um orgulho para nós os estrangeiros pela confiança que nos depositaram. Foi assim que no final do primeiro trimestre fomos nós orgulhosas dar contas à contabilista. Orgulho sim, mas com uma grande responsabilidade, porque nem um cofre tínhamos em casa para guardar esse dinheiro e nenhuma segurança para o transporte. Então metíamos tudo dentro de uma mala à tiracolo e vestíamos o casaco por cima para o esconder e de braços dados lá íamos nós. O primeiro contacto com a contabilista foi simples, ela verificou tudo e disse « há um erro falta dinheiro », uma vez mais a minha mãe esqueceu-se dos óculos e não podia verificar esse erro. As emoções eram muito fortes , ela olhava para mim aflita e jurava que todo o dinheiro estava ali. Acalmei a minha mãe, olhei para a contabilista e disse-lhe « conte novamente por favor porque a Senhora enganou-se no cálculo », ela olhou para mim dizendo que eu não era para estar ali e olhando para a minha mãe disse « para a próxima vez, não se esqueça dos óculos » e começou a verificar as contas acabando por encontrar o seu erro.
No trimestre seguinte, fui eu sozinha dizendo que a minha mãe estava doente, sorriu para mim e disse « tenho a certeza que não falta nada» , e quatro vezes por ano tínhamos o nosso ritual encontro que durou uns dez anos de 1974 a 1984 até ela abalar para a reforma e obrigarem os locatários a pagar por cheque. Durante todos esses anos, nunca houve engano meu porque verificava 20 vezes. Era o meu ritual. Na ultima vez que nos vimos ela sorrio para mim e disse « a sua mãe não sabe ler pois não », chorei e ela beijou-me. A minha mãe foi concierge até 1987 ano em que os médicos a meteram na invalidez por asma crónica, chama - se Catarina Justo tem 81 ano e vive em Portugal e continua a esquecer-se dos óculos.
Conceição, 58 anos
Rédigé à 14:58 dans Emigration portugaise, Entre nous..., LES ENFANTS DE LA CONCIERGE, Povo portugues, Temoignages, témoignage | Lien permanent | Commentaires (1)
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