Iso c’est vous ?
En effet je suis Iso quand je dessine et Christophe dos Santos Silva le reste du temps. J'ai réalisé le scénario et le dessin de ce premier opus.
Depuis quand dessinez-vous ?
Je dessine depuis toujours, avec des passages dans différents fanzines de BD ou de presse comme Métropolys à Douarnenez, Hydromel , le Clébard à sa Mémère à Rennes et les Livres Libres à Thouars.
Est-ce là votre premier travail graphique ?
Oui c'est mon premier travail graphique chez un éditeur professionnel. Lors de ma collaboration à des fanzines, j'ai travaillé plutôt sur des strips humoristiques ou politiques.
Parlez-nous un peu de votre parcours
Je suis originaire de Cahors dans le Lot. J'ai grandi en région parisienne. Après mon Tour de France comme menuisier, ma compagne et moi-même avons décidé de nous installer avec nos deux enfants en Bretagne près de Douarnenez.
De quelle région du Portugal êtes-vous originaire (vos parents) ?
Je suis l’aîné d'un couple mixte, ma mère est originaire du sud-ouest de la France, mon père de Barreiro, ville qui fait face à Lisbonne de l'autre côté du Tage. Une grand-mère d'Alfama, un grand-père de l'Algarve.
Quel lien entretenez-vous avec ce pays ?
C'est un lien mystérieux pour moi, noué très tôt dans l'enfance. Lorsque vers l'âge de 7 ans mes parents décidèrent de m'envoyer seul, 2 mois au Portugal chez mes grands-parents. Ils ne parlaient pas un mot de français, je ne parlais pas un mot de portugais. Dans ces conditions, on apprend vite et dans toutes les directions. Après cette expérience, j'y retournais un été sur deux, j'y retrouvais la famille, les amis, une langue, une culture.
Aujourd'hui, malheureusement, je n'y vais plus autant que je le voudrais.
Qu’est-ce qui vous a poussé à aborder ce thème du "salto" ?
Enfant, j'entendais souvent les amis de mon père ou mon père lui-même parler de leur « Salto ». Ils en parlaient souvent difficilement, à demi-mots, avec humilité. Je les voyais alors comme des aventuriers, des Jack London qui avaient bravé l'inimaginable. J'étais en admiration. Puis bien des années plus tard en regardant le documentaire « les gens du Salto » de José Vieira, un retraité revenu au Portugal raconte sa terrible expérience. Il évoque alors les bateaux de migrants venus d'Afrique qui s'échouaient en méditerranée dans les années 2000… Une larme coule sur le visage de ce retraité ; j'étais bouleversé. Il y avait ce sentiment universel et éternel du déracinement et de l'exil. C'est réellement à ce moment-là que j'ai décidé d'apporter modestement ma pierre à l'édifice.
Que savez-vous de cette période ?
De cette période, il me reste les souvenirs de mes grands-parents, des histoires qui se déforment pour devenir des légendes et puis beaucoup de lectures, de recherches, de témoignages.
Même si j'essaie de rester le plus fidèle à une réalité de l'époque, mon travail n'est qu'un apport à une histoire populaire. L'ouvrier que je suis raconte l'histoire d'une classe ouvrière en exode.
Comme les écrivains prolétariens du début du XX siècle, j'ai éprouvé ce besoin de témoigner, à ma façon, de cet événement inscrit dans mon histoire familiale. Certains choisissent la plume ; j'ai choisi les pinceaux.
Même si on décèle quelques maladresses techniques ou historiques, elle n'en possède pas moins la sincérité avec laquelle je me suis attelé à la tâche. Du moins j'espère que c'est ce sentiment qui prédomine.
Pensez-vous faire une présentation de ce travail auprès de la communauté portugaise ?
En festival, j'ai beaucoup de plaisir à écouter cette multitude d'histoires singulières. C'est pour moi un enrichissement permanent. C'est dans ces moments que je me rends compte de l'importance de cette période pour la génération des luso-descendants. Mais par les thèmes abordés, c'est aussi un sujet qui s'adresse à un public large. Beaucoup d'histoire d'algériens, de maliens, d'espagnols...sont similaires. L'actualité nous le rappelle chaque jour. C'est un thème universaliste.
Va t il y avoir une suite ?
Oui, c'est un triptyque. Le premier traite du « salto » de Lourenço le personnage principal, le second sera sur sa vie en France et enfin le troisième, son retour au Portugal lors de la révolution des Œillets. Mais deux personnages, restés au Portugal, vont au cours des albums suivants prendre une grande importance : Anna « la rouge » et Pedro « le brun ».
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