Il y a 50 ans jour pour jour, le jeudi 11 mai 1967, ma famille et moi, nous arrivions du Portugal pour venir vivre en France ; la France des « trente glorieuses » !
Mon père nous avait, comme tant d’autres hommes expatriés, précédé de plusieurs mois.
Nous sommes arrivés, ce 11 mai 1967 donc, à Theillay, un petit village du Loir-et-Cher.
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Je n’avais même pas 3 ans, et je n’ai donc pas de souvenir de « mon jour le plus long », de ce « débarquement pacifique » en Sologne, non loin du Berry voisin.
Nous venions de quitté, en toute légalité, un pays encore soumis à une vieille dictature déclinante, celle d’António de Oliveira Salazar. La poigne de fer de ce régime autoritaire portugais connu sous le nom de « Estado Novo », aura duré 41 ans, de 1933 à 1974 ; un sinistre « record » en Europe occidentale !
Nous avons quitté un pays et une région, le Barroso, où la plupart des habitations sont faites de granit gris. Mais, ce pays de granit avait des « pieds de paille » et il n’arrivait plus à nourrir convenablement ses enfants !
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Ironie de la situation, nous sommes arrivés dans un pays plus riche pour vivre, pendant près de 5 ans, dans de simples en bois ! Dans le fond, avec le recul, nous étions en avance en termes de constructions de vie durables ; c’était-là notre seul « luxe » !
Ma mère a très rapidement assimilé les rudiments indispensables de la langue française et, munie d’un petit dictionnaire franco-portugais, elle servit même d’interprète à nombres d’ouvriers lusophones de la scierie où mon père travaillait également.
Cette petite entreprise, dont il ne reste plus rien aujourd’hui à Theillay, fut un « carrefour des déracinés » : nos voisins étaient italiens, espagnols et portugais ; le patron lui-même était toulousain.
Notre petite « maison près de la scierie », sans eau courante, seulement pourvue du strict minimum pour assurer l’hébergement de 4, puis de 5 personnes (à partir de 1969 ; plus, quelques petites souris « furtives »), s’est offert un luxe assez fou durant l’année 1970 : une antenne de télévision poussa sur sa toiture de bois, tandis que j’étais à l’école. Quelle ne fut pas ma très heureuse surprise en découvrant cette main de métal aux doigts tendus vers l’univers…
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« La mémoire est sélective », parait-il (?). Je ne conserve que de bons souvenirs de cette époque lointaine maintenant, de cette époque des « murs en bois » !...
Il se trouve qu’en mai 2017, précisément au moment où j’écris ces lignes, je travaille au sein d’une entreprise liée au marché automobile. Cette entreprise est située à seulement 1 petit kilomètre de Theillay ; Theillay, que nous avons quitté en septembre-octobre 1971.
Je m’interroge donc : en 50 ans, n’aurais-je accompli jusqu’à présent qu’un petit, tout petit kilomètre ?...
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