La surprise est toujours de taille lorsqu’on a la chance de tomber nez à nez avec une œuvre de street-art aux détours d’une rue. En effet, si celui-ci est de plus en plus représenté avec un regard bienveillant dans les villes du monde entier, il est bon de rappeler que c’est avant tout un art populaire, dont la rue permet un accès direct, gratuit et illimité. Dans cette idée « d’initiation » des citadins, nous vous présentons les fresques colorées d’Eduardo Kobra, un artiste brésilien qui parcourt le monde depuis plusieurs années.
Eduardo Kobra est un street-artiste brésilien de 41 ans, originaire d’une petite ville en périphérie de São Paulo. Issu d’un milieu modeste, il délaisse rapidement les études pour se tourner vers l’art,au grand dam de ses parents. Dès ses 12 ans, il rejoint ainsi un petit « gang » de graffeurs dans sa cité, et commence à peindre illégalement les murs de la ville.
Arrêté plusieurs fois pour vandalisme et longtemps considéré par la police comme un délinquant, Kobra va cependant bénéficier d’un tournant décisif dans sa vie artistique lorsqu’un juge, impressionné par la qualité de ses œuvres, lui donnera pour « travail d’intérêt général » de repeindre un mur du commissariat local avec l’une de ses fresques. Une décision intelligente qui va radicalement changer l’état d’esprit du jeune homme. Son caractère créatif est reconnu pour la première fois.
Aujourd’hui, Eduardo Kobra se démarque particulièrement par ses représentations fragmentées proches de l’arlequin ou du kaléïdoscope, tout en jonglant constamment entre les couleurs vives et les contrastes de noir et de blanc. Dès son plus jeune âge, il s’est vite spécialisé dans la réalisation photo-réaliste à travers des peintures gigantesques (le plus souvent inspirées de réelles photographies plus ou moins connues).
Cette passion l’a vite mené à représenter les portraits d’icônes de la culture populaire qui lui sont chères, souvent reconnaissables en un clin d’œil. Parmi elles, on peut entre autres retrouver des figures politiques comme Abraham Lincoln, des artistes comme David Bowie, John Lennon ou Bob Dylan, ou même, plus récemment, un portrait d’Ayrton Senna, légende de la Formule 1.
Mais, parmi ces nombreux portraits éparpillés à travers le monde, on peut également détecter un certains fil conducteur qui fait d’Eduardo Kobra un artiste réellement engagé aux traits humanistes. On trouvera dans ses œuvres de grandes figures internationales de la paix, telles que Ghandi, Mère Teresa, le Dalaï Lama ou, plus récemment, Malala Yousafzai, jeune militante des droits des femmes Pakistanaise qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2014 pour sa lutte contre le terrorisme et l’obscurantisme. Des figures inspirantes de l’Histoire, telles qu’Albert Einstein, viennent compléter cette liste inspirante.
L’ensemble de ces portraits, ajoutés à ceux représentant des quartiers aux débuts du XXe siècle, font partie d’un projet global intitulé « Muros da memória » (les « Murs de la mémoire »), visant à rendre hommage aux figures importantes qui ont forgé notre culture autant qu’inspiré Eduardo. Ses œuvres lui permettent également de manifester son engagement pour la cause environnementale. Ainsi a-t-il pu aborder à travers son projet « GreenPencil » (qu’on peut traduire par « Pinceau Vert ») des thèmes comme la pêche aux cétacés, la tauromachie, le réchauffement climatique, la prolifération des centrales nucléaires ou encore la déforestation en Amazonie.
De façon simple mais explicite, Eduardo Kobra dissémine en couleur des idéaux sur les murs des villes qu’il traverse. Fondateur du studio qui porte son nom, il peut aujourd’hui vivre de son art en l’exerçant en toute légalité. Il est reconnu internationalement et est démarché par des villes du monde entier pour des performances en pleine rue avec son équipe, la plupart du temps sur de très hauts immeubles ou de longs murs horizontaux. Vous pouvez découvrir l’ensemble de ses projets sur son site Internet, ou suivre son actualité sur sa page Facebook.
Sources : eduardokobra.com / streetartbio.com / upperplayground.com / Photographies : Eduardo Kobra
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