Photo de Ferando Costa
Le palais Marquês da Fronteira et son jardin, à São Domingos de Benfica. Une bonne manière de s’échapper de la capitale et de pénétrer dans un paysage bucolique et champêtre du XVIIIe siècle.
Situé au nord de Lisbonne
La grande métropole de Lisbonne n’a atteint cette partie au Nord de la ville que depuis les années 1950 et beaucoup de ses habitants se rappellent encore du temps où le vert dominait et où seul l’hôpital Santa Maria se détachait dans le paysage. La voie rapide et la ligne de chemin de fer sont des frontières réelles qui ont empêché la ville de "phagocyter" cette partie qui a continué d’exister pour s’y sentir à la campagne. Insérée dans une zone riche en palais et en anciens couvents, dans une ambiance purement rurale avec des fermes encore habitées, résistant toujours à l’assaut de l’asphalte et du béton, on trouve le palais Marquês da Fronteira, demeure particulière occupée aujourd’hui par le 12e Marquis de Fronteira; Dom Fernando de Mascarenhas.
Photo de Luis Mendoça de Carvalho
Photo de Jorge Maio
Un peu d´histoire
Ce palais a été construit vers 1670 par le 1er Marquis de Fronteira, Dom João de Mascarenhas, un héros de la guerre de la "Restauration", qui a vu le Portugal retrouver son indépendance après 60 ans de domination de Castille. Pavillon de chasse et local estival à ses débuts, la propriété fut ensuite occupée à plein temps après le tremblement de terre de 1755, cette zone n’ayant pas été touchée par le cataclysme. La famille Mascarenhas fera alors construire une aile supplémentaire pour y abriter tous ses membres.
Edifice de couleur rouge-cinabre, il se démarque par un ensemble architectural d’une élégance marquée rehaussée de multiples panneaux d’azulejos aux thèmes variés d’animaux, de travaux champêtres et de batailles. Le palais et ses jardins évoquent une villa italienne de la Renaissance, bien qu’au XVIIIe siècle il ait eu une reconversion en style "rocaille".
Photo de Anabela Matos
Des jardins où se démarquent les azulejos
Les jardins sont la partie la plus populaire de la propriété, comprenant plusieurs scénarios sur une surface de plus de 5 hectares. Ils constituent le plus important ensemble artistique et paysagiste portugais du XVIIIe siècle. Dans leur conception originelle, on a recherché à s’approcher du style de la Renaissance italienne adapté aux caractéristiques du paysage méditerranéen. Mais la touche portugaise est bien marquée par les azulejos qui représentent, par exemple, des coutumes rurales pour chaque saison de l’année ou qui racontent les faits héroïques des chevaliers de la famille Mascarenhas et ces images se retrouvent renversées dans l’eau du grand bassin.
Un escalier de style baroque, descendant de chaque côté, conduit à une galerie de niches décorées contenant les bustes de rois portugais à l’exception des trois Rois Philippes espagnols. A partir des salles du palais, c’est en sortant par celle nommée "des batailles" que l’on arrive à ce niveau; magnolias, strelitzias, arbre de jasmin ou jacarandas composent ce "jardin de Venus" qui s’agrémente d’une fontaine centrale.
Photo de Fernando Costa
Photo de Jorge Maio
Une grande diversité botanique
Ce jardin, considéré "à l’italienne" par son inspiration Renaissance, a cependant l’allure d’un jardin "à la française", avec ses alignements géométriques de myrtes (Myrtus communis) en boule et de buis (Buxus sempervirens) bien alignés. Côté originalité, nous trouverons des ifs (Taxus baccata) très anciens aux troncs énormes taillés en forme de pyramide ou de chapeau. Un peu partout des rosiers aux couleurs multiples s’y épanouissent. Dans sa partie inférieure, de jeunes oliviers, des orangers et des cyprès longent le mur donnant sur l’extérieur et on peut y admirer aussi une érythrine (Erythrine cristagalli) d’Amérique du Sud aux fleurs exceptionnelles. Dans le reste de la propriété, nous croiserons deux spécimens d’araucarias, l’un du Brésil (Araucaria Cunninghamii) et l’autre de Nouvelle-Calédonie (Araucaria columnaris), un beau cèdre (Cedrus deodara), des pins sylvestres et parasols ainsi que de nombreux peupliers (Populus nigra). Plus original encore, la famille Mascarenhas a loué de petites parcelles de terrain à des particuliers, qui y cultivent des potagers familiaux.
Photo de Câmara Municipal de Lisboa
Photo de Jorge Maio
La conservation de l’ensemble des édifices et des jardins du palais est financée en partie grâce à l’ouverture au public à des heures bien précises, excepté le dimanche. On recense environ 15 000 visiteurs par an avec une majorité d’étrangers surtout pendant la période estivale. Le public portugais semble défaillant, même à prix réduit et ignore en général que cette demeure est ouverte au public. Ce palais représente un témoignage d’histoire du patrimoine portugais, mais intéresse, semble-t-il, plus les étrangers de passage que les Portugais directement concernés. Depuis 1987, la Fondation des Casas de Fronteira e Alorna exécute la gestion de la propriété, avec de l’argent institutionnel, pour la rénovation et restauration dont les frais sont toujours de grande importance. http://www.lepetitjournal.com/
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