Lino : le coiffeur non officiel de Codeçoso, ici dans ses œuvres, en août 2001.
Cet homme, originaire de Meixedo (village jumelé avec Codeçoso), était à la fois : agriculteur, éleveur, spécialiste des greffons en arbres fruitiers, beaucoup d’autres choses encore et, coiffeur à domicile !
Sa main était très légère et ne tremblait pas malgré ses 80 ans et plus. Lorsqu’il coupait les cheveux de certains de ses « clients », il ne manquait de leur demander s’ils sentaient l’action du ciseau ou de la lame sur eux !
Personne ne se plaignait et il était toujours très fier et très heureux de s’accorder le compliment suivant, au sujet de sa dextérité manuelle : « Ma main (celle qui officiait) est plus légère et plus habile que celle de la plupart des hommes et même plus douce que celle de nombreuses femmes ! »
Chaque année, j’avais le privilège de vérifier l’exactitude de cette auto célébration méritée !...
Germana : cette femme était d’une grande beauté, avec un visage aux traits fins et au regard si doux.
Ce qui est très frappant, chez les habitants de cette région montagneuse du nord du Portugal qu’est la province du Barroso, c’est la profondeur de leurs rides sur les visages. Le climat froid et rigoureux en hiver, sec et venteux en été, la vie au plein air et l’ardeur au travail, tout cela creuse la peau et engendre des rides qui sont comme des marqueurs du temps qu’il fait et du temps qui passe…
Tia Germana semblait bénie « des dieux » tant ses 80 printemps (et plus) faisaient d’elle un petit bout de femme à la beauté préservée des outrages et des rigueurs de ce temps sans pitié !
Je me souviens l’avoir croisée un jour, alors qu’elle portait une bien lourde charge dans ses bras endoloris. Je lui ai proposé tout naturellement mon aide ; aide qu’elle refusa gentiment mais fermement ! Pourquoi cela ? « Parce que ce labeur est de ma responsabilité ! », me répondit-elle.
Tia Germana endossait à bras le corps toutes ses taches, jusqu’au bout…
João do Canto : il fut « Presidente da junta », c’est-à-dire « Maire » des villages jumelés que sont Meixedo et Codeçoso, entre les années 1976 & 1984
Cet homme à la personnalité affirmée, ne se laissait surtout pas marcher sur les pieds ! Son fort caractère était tempéré par un grand cœur et doté d'une générosité immense.
Tio João do Canto, comme un certain nombre d’autres de la région nord du Portugal, a vécu quelques années en France, avant de repartir définitivement vers sa terre natale
Un responsable politique de premier plan au Portugal, s’exprimant sur la mentalité complexe des barrosãos, a déclaré il y a quelques années à leur propos :
« Les gens du Barroso, durant un conflit avec vous, sont capables de vous jeter à la rivière, au cours de la rixe ; puis, de se jeter eux-mêmes à l’eau pour vous secourir !.. »
Ce portraits des barrosãos, et singulièrement des éléments masculins, semble avoir été taillé sur mesure pour Tio João do Canto, tant l’homme était pétrit de dualité, de la dureté du granit et de la générosité de cette terre qui sait rendre au centuple pour peu qu’on l’aime !...
Francisca : La douceur même !
« Un p’tit bout de bonne-femme au caractère bien trempé, mais d'une douceur extrême ! »
« Toujours un coucou de sa fenêtre pour nous dire bonjour ! »
« Une femme très discrète, qui laisse derrière elle beaucoup de douceur ! »
Voici certains témoignages dits par des habitants de Codeçoso qui ont bien connus Tia Francisca !
Assurément une très douce personne !
Francisca n’est plus, mais pour certains vivants, il est « des absents qui ont toujours corps » ; Tia Francisca est l’une de ces absentes !...
Les portraits sont de Jean Dias, originaire de Codeçoso, Montalegre
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