Et Maintenant? est un journal filmé, une réflexion sur la survie au-delà de tous les pronostics mais aussi sur l'amour, l'amitié, le cinéma et le Portugal depuis la révolution jusqu'à la crise actuelle. Depuis vingt ans Joaquim Pinto vit avec le VIH et l'hépatite C. Exilé dans la campagne de Lisbonne avec son mari Nuno et leurs chiens, Joaquim a décidé d'arrêter toutes ses activités liées au cinéma pour suivre un nouveau protocole. Le Portugal lutte contre la crise et Joachim contre la mort.
"La campagne brûle et, dans les herbes, une limace se sauve aussi vite que possible, infiniment lentement... Les premières images de ce journal intime, tenu avec une petite caméra, nous parlent, métaphoriquement, de son réalisateur. L'incendie, dans la vie du Portugais Joaquim Pinto, c'est le sida, diagnostiqué en 1997 et qui l'oblige, quand il commence ce film en 2011, à entrer dans un protocole de soins expérimental extrêmement toxique. Dont l'effet sera peut-être d'une lenteur de gastéropode...
Face à l'urgence, filmer devient le premier secours : une manière de conserver la vie, de la garder en la donnant à regarder. Le cinéaste nous ouvre son coeur et ses pensées dans un geste de cinéma à la fois spontané et réfléchi : magnifique. Il nous montre le quotidien qu'il partage avec son compagnon, nous raconte ses souvenirs de cinéma, lui qui a travaillé, en tant qu'ingénieur du son, avec des réalisateurs passionnants. Il nous parle de son combat contre la maladie et de la crise économique où sombre le Portugal. Tout brûle, tout se consume, l'argent, la nature, la vie. La dureté, la violence sont bien là. Mais le film construit un barrage solide (comme sa durée, près de trois heures) pour regarder, aussi, ce qui est beau. En suivant son chemin solitaire, Joaquim Pinto dialogue avec le monde, animé par une curiosité insatiable pour les gens comme pour les livres, le savoir, la création. Porté vers tout ce qui ouvre le regard et attise les forces de l'esprit, il nous entraîne avec lui vers un émerveillement toujours possible."
Frédéric Strauss pour Telerama
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