Sans toi, il ne peut y avoir de moi… Comment mieux résumer les tourments de la vie et de l’amour ? Se livrant à une véritable catharsis, le chorégraphe portugais renoue avec le solo. En dialogue avec les mots d’Ingmar Bergman, il libère son geste pour mieux explorer ses états d’âme, et son chemin de vie.
À vif. En s’inspirant de Laterna magica, le récit autobiographique d’Ingmar Bergman, Paulo Ribeiro a pris le risque de mettre son coeur à nu. Quitte à mêler, comme le fit le cinéaste suédois, ses douleurs intimes à la création en cours.
Actuel directeur du Teatro Viriato au Portugal, Paulo Ribeiro a également été à la tête du Ballet Gulbenkian et collaboré avec de grandes compagnies telles que le Nederlands Dans Theater, le Ballet de Genève ou encore le Ballet de Lorraine. Son propos, annoncé dès le titre, est des plus universel : la complexité des relations humaines, à commencer par celles que chacun entretient avec soi-même.
S’appuyant sur son propre vécu, le chorégraphe compose la partition heurtée, sensible, d’un coeur en mouvement. En pleine crise intérieure, il y affirme l’urgence du bonheur, « ce qui nous reste et nous maintient vivants ». Alternant des états de corps convulsifs et une gestuelle plus intériorisée, l’artiste n’hésite pas à s’exposer, à 56 ans, comme objet et sujet de son propre spectacle. On entend d’ailleurs, en ouverture, les mots de son solo Mode d’emploi, créé en 1991, dans lequel il expliquait sa danse à mesure qu’il l’interprétait.
On y écoute aussi des extraits du texte de Bergman, ainsi que la version par le chanteur Robert Wyatt du lancinant thème musicalInsensatez. On y lit enfin, derrière chaque mouvement, les émotions et les intentions de son créateur dans « une sorte de frénésie intérieure ». « Cette pièce, c’est moi à l’état pur », confesse Paulo Ribeiro. On ne saurait mieux dire. / Isabelle Calabre
Au Théatre National de Chaillot du 20.11 au 26.11
1 place du trocadéro - 75016 Paris
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