A Uz, hameau montagnard du nord du Portugal vidé par l'immigration, subsistent quelques dizaines de paysans. Alors que la communauté se rassemble autour des traditionnelles fêtes d’août, le jeune berger Daniel rêve d’amour. Mais l’immuable cycle des quatre saisons et les travaux des champs reprennent vite le dessus…
Volta a terra pourrait être un hymne nostalgique au Portugal rural, il n’en est rien.
Ce premier film documentaire de João Pedro Plácido est un geste fort qui rayonne d’une beauté visuelle sidérante, une œuvre magique, hypnotique. Par-delà la rudesse des rapports, la dureté des mots, se dessine le portrait de Daniel, jeune paysan destiné à reprendre la lourde succession de la ferme familiale. Un adolescent entre deux âges, qui quitte la rive insouciante de l’enfance pour se construire en tant qu’homme responsable. Les gestes du quotidien, le rapport aux saisons, à la nature, aux animaux, le courage de ces derniers des Mohicans nous touchent droit au cœur. Dans la solitude montagnarde se dessine une épopée universelle en quête du bonheur, moments fragiles d’une rencontre lumineuse, mais bonheur éphémère malgré tout. La caméra virevolte autour des corps et des animaux, capture la lumière intérieure de cette communauté isolée qui lutte pour vivre et qui s’inquiète pour sa pérennité. Un véritable hymne d’amour cinématographique à la paysannerie d’aujourd’hui et un questionnement sur notre monde en pleine mutation. On adore.
Jean-Louis GONNET et Pascal TESSAUD, cinéastes membres de l’ACID
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