Ce récit biographique est comme un patchwork, tel un miroir brisé, dont les morceaux reflètent çà et là, des points de vue, des tranches de vie, des sensations, et des images, qui en toucheront plus d’un.
D’une part l’auteure exprime son attachement à la terre qui l’a vue naître, avec tout ce que cela comporte. Son regard sur la nature, sur les choses, sur tout ce qui entoure les habitudes, et les sensibilités des gens proches de la terre. Elle parle de sa terre, comme source d’expériences et repère de valeurs. À son village, ses habitants, ses lieux, ses pierres, son eau et à son air, elle voue une sorte de culte, dont l’empreinte lui est devenue viscérale, et dont elle s’est appropriée pour construire son identité, voire sa « dualité ».
D’autre part, la singularité des sentiments qu’elle voue à ses parents. L’auteure leur exprime un amour, une reconnaissance et une foi, peu communes.
L’auteure raconte la vie d’un autre temps, qui consistait à vivre sous un régime politique de tutelle, d’oppression et de privation, tant de biens matériels que de libertés, notamment d’expression. Elle déplore l’exploitation de ses parents qui ont dû quitter leur terre, dans l’espoir de donner une vie meilleure à leurs enfants. La venue de ses parents, l’école, les voyages de vacances, sont racontés avec ce ressenti singulier qu’elle a découvert avec son arrivée en France, la «Saudade» … Elle évoque aussi ses origines rurales dont les valeurs lui tiennent à cœur, ainsi que ses expériences de vie, simples mais fondamentales dans la construction de sa dualité identitaire.
Au fil des pages, on trouve des ressentis, des expressions, des descriptions de telle ou telle scène de la vie, dans lesquelles les « expatriés » se reconnaitront.
Il me faut néanmoins, exprimer le regret que ce livre n’eut été écrit en Portugais. En effet, chaque page me renvoyait à celles et ceux qui ont vécu de près ou de loin, des expériences semblables. À celles et ceux qui, de près ou de loin, on été, sont, ou seront, concernés par ces existences de dualité. À nos voisins d’ici et de «là-bas». A nos amis ou aux anonymes qui constituent la masse de notre diaspora depuis les pionniers. Aux membres plus ou moins éloignés de notre famille. A tous ceux qui savent de nos existences d’expatriés, et auraient préféré la Langue Portugaise ou, tout simplement n’ont pas l’aisance de lire en Français. C’est à ceux-là, que ce récit intéresse, ainsi qu’à tous ceux, et toutes celles qui, à défaut d’écrire leur récit biographique, peuvent se retrouver dans l’authenticité qui caractérise, «Quand le Portugal m'appelle», que j’aurais aimé titrer, «Portugal a chamar por mim»…
Horácio Ernesto André – 15 Avril 2015
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