Comme grand nombre de portugais, mes parents, mon frère et moi avons fait pendant plusieurs années le voyage en voiture vers le Portugal.
Une véritable expédition, particulièrement stressante pour ma mère qui devait veiller au bon déroulement des préparatifs (valises, rangements, provisions… et j’en passe), mon père, qui était le seul à posséder le permis, se mettait en conditions profitant des quelques heures précédant le voyage pour se reposer, quant à mon frère et moi, excités par le voyage, nous préparions joyeusement nos petits sacs à jouets, cassettes audio PIF poche, bibliothèque rose et verte…
Mon père aimait partir tôt, de nuit, « conduire à la fraiche » comme il disait.
Ce qui ne nous enchantait pas vraiment. Mais qu’importe, c’était les vacances.
Arrivait enfin le jour J. Nous voilà tous à bord de la CX noire prête à « décoller ». Plutôt que le tape-à-l’œil, mon père privilégiait le confort, et pour lui la CX répondait à ce critère. J’avoue, pour ma part, que la suspension hydropneumatique du véhicule me rendait malade. Je passais donc une grande partie du voyage allongée.
Nous traversions la France, tout en écoutant les cassettes audio que nous avions emportées pour que mon père reste éveillé.
Dans les années 70 notre voiture n’était pas équipée d’autoradio, alors nous emportions une valise, véritable bijou de technologies en son temps, qui comprenait dans son couvercle deux enceintes stéréo, ainsi qu’une platine tourne disque, un lecteur/enregistreur cassette audio et une radio toutes ondes (avec antenne dépliable intégrée).
Nous mangions dans les restaurant d’autoroute du type L’Arche, reprenions la route, puis nous nous arrêtions un peu sur des aires de repos lorsque mon père était fatigué, on en profitait pour se dégourdir les jambes et se faire un gouter. Puis arrivés à la première frontière et après les contrôles d’usage nous traversions l’Espagne, sans nous presser. Mon père s’y perdait souvent au début (bénit soit le GPS), et pour demander sa route mon père baragouinait un portugais aux accents espagnols. Quoiqu’il en soit, il se débrouillait plutôt pas mal mon père : on finissait quand même par arriver au Portugal !
Et là nous commencions à traverser une kyrielle de petits villages Transmontanos, semblables les uns aux autres, croisant sur notre route vaches et moutons, enfants, hommes et femmes aux visages burinés et chiens errants.
Plus nous approchions du village de Gralhas plus les routes devenaient sinueuses, partiellement goudronnées et jalonnées de trous.
Le décor était planté : paysages arides et montagneux, des chênes et des champs à perte de vue, de vieilles maisons en granite, des femmes vétues de noir, des odeurs de campagne… voilà à quoi ressemblait Tras-Os-Montes.
Comme chaque année Grand-mère et Grand-père nous attendaient devant la maison.
Vous nous manquez…
Les voitures cathédrales de Thomas Mailaender
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