Un livre co-écrit par Agnès Pellerin, Anne Lima et Xavier de Castro
Les illustrations sont d'Irène Bonacina
Paris et sa banlieue constituent aujourd’hui la «troisième ville portugaise» du monde, après Lisbonne et Porto, tant le nombre d’habitants portugais, ou d’origine portugaise, y est important. Cette présence est pourtant vieille de plusieurs siècles. Depuis très longtemps en effet, les Portugais viennent dans la capitale, pour les raisons les plus diverses. À l’époque des Découvertes, des espions s’y renseignent sur les visées françaises au Brésil tandis que des universitaires organisent à Paris la formation des boursiers du roi dom Manuel.
Plus tard les victimes de l’Inquisition vont affluer pendant deux siècles en France, et nombre d’entre eux ou leurs descendants gagnent la capitale. Durant le siècle des Lumières, l’élite intellectuelle et scientifique portugaise voit en elle un lieu de liberté loin de l’obscurantisme portugais, et une force de rupture qu’incarnera la Révolution française. Au XIXe, la capitale français accueille, au gré des fluctuations politiques de nombreux exilés : partisans de l’absolutisme, libéraux défenseurs de la monarchie constitutionnelle et républicains. À la fin du siècle, Paris devient pour plusieurs décennies le pôle d’attraction des artistes. Au début du XXe, un séjour dans le Paris de la Belle Epoque est une cure de bon goût pour les écrivains comme pour la bourgeoisie portugaise, qui s’y installe pour plusieurs semaines avec leurs bonnes françaises. En 1919, des soldats portugais qui ont participé à la Grande Guerre défilent sur les Champs-Elysées et dès 1921, le nombre de Portugais en France passe à 11000, contre 1300 recensés avant-guerre.
À partir de 1926, quand le Portugal plonge dans son demi-siècle de dictature, Paris devient l’horizon d’accueil des opposants au salazarisme. Mais la dictature perdure et le Portugal se trouve au début des années 1960 frappé de plein fouet par la misère économique et de sanglantes guerres coloniales. L’émigration, majoritairement saisonnière avant-guerre (mineurs des Pyrénées, vendangeurs, bûcherons de l’Île-de-France), devient massive. Le pic de la période 1958-1974 voit près d’un million de Portugais, pour la plupart venus des campagnes du Nord et du Centre, trouver asile en France pour fuir la pauvreté, et la conscription militaire qui les aurait emmenés durant cinq ans combattre en Afrique. C’est le temps des bidonvilles. Une minorité, qui revendique la désertion et l’opposition politique à la dictature, obtient le statut de réfugié qui leur offre une protection. C’est cependant dans la France post-coloniale des Trente Glorieuses que s’est construite l’image des Portugais «bons travailleurs», «immigrés modèles»– image persistante, gommant les difficultés de tous ordres qu’ils ont rencontrées. Les générations qui se sont succédées ont toujours été bercées par le va-et-vient entre les deux pays.
Ainsi au fil des siècles, les Portugais ont enrichi Paris et sa banlieue de leur présence, de leur travail, de leur culture et de leurs traditions… Loin de prétendre à l’exhaustivité, ce livre cherche à évoquer quelques traces, nombreuses et contrastées, du Portugal à Paris, glanées au fil des rues et des siècles où se croisent la grande et la petite histoire. 3° édition Avec un guide complet en fin d’ouvrages sur les bonnes adresses portugaises à Paris et dans sa banlieue.
Vous pouvez l’acheter en ligne sur le site de l’éditeur http://editionschandeigne.fr/
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