Mes parents sont arrivés en France dans les années 70, chacun de leur côté.
Pour ma mère ce ne fut pas un choix personnel mais plutôt un départ forcé, concernant mon père se fut plus simple, un regroupement familial s’imposait, mes grands -parents étant déjà installés en région parisienne.
Ils se sont rencontrés l’été de l’année 79, sur le marché de Saint-Germain-des -Prés… mon père était fleuriste (un sacré coup de pouce pour séduire une femme !) et ma mère flânait avec son frère, dont l’épouse était gardienne d’immeuble dans ce même quartier.
Très rapidement le mariage et les enfants suivirent… Pour ma part, je suis née au Portugal, ma mère n’ayant pas de papier, mon frère a vu le jour en France un an plus tard à Neuilly.
Nous habitions dans un studio à LEVALLOIS PERRET, et en 84 ma mère obtient le saint graal : une loge de concierge, dans le quartier de Montparnasse, son quartier de prédilection puisque sa sœur, et bon nombre d’amis de notre région du Portugal y étaient installés…
On a donc emménagé dans une petite maison surélevée au milieu d’une cour entourée de deux grands immeubles de 6 étages…
Au rez-de-chaussée la pièce principale faisait office de : salon/salle à manger, chambre à coucher (pour mes parents) et salle de bains… surprenant ? Pas tant que ça ! N’ayant pas de salle de bains, nous étions équipés d’une grande bassine, que nous remplissions d’eau afin de nous laver, une à deux fois par semaine. Nous avions une mini cuisine, dans laquelle en tournant sur soi-même on avait accès à l’évier, dans lequel nous faisions aussi bien notre toilette que la vaisselle, la gazinière, le frigo et le placard ! A l’étage, une chambre que je partageais avec mon frère. Concernant les toilettes, tout se passait à l’extérieur… un peu comme dans la petite maison dans la prairie mais en plein cœur de Paris ! Et oui, il fallait traverser la cour et se diriger vers la cave… Heureusement mon père avait aménagé cet espace au mieux pour que nous n’ayons pas peur mais je ne pouvais m’empêcher de craindre qu’une souris ne fasse son apparition, et bien évidemment cela finit par se produire plus d’une fois !
N’ayant pas beaucoup de place à la maison, on passait la majorité de notre temps dans la cour, où l’on pouvait jouer à chat, cache-cache, corde à sauter … les locataires étaient compréhensifs et adorables avec nous. Il faut dire que pour beaucoup ils étaient âgés et nous traitaient un peu comme leurs petits-enfants… On avait le droit aux bonbons, chocolats, une petite pièce…
Bien évidemment nous n’avions pas le droit d’inviter d’amis à la maison, pas de place, et trop compliqué d’expliquer l’absence de salle de bains… pour ma part, je dois avouer que l’envie d’en inviter ne m’effleurait même pas l’esprit… Mais les anniversaires et autres événements étaient l’occasion de recevoir la famille, et même si la maison était petite il y avait toujours de la place pour tout le monde.
Ma mère s’occupait de l’entretien de l’immeuble, quelques heures de ménage dans une maison de retraite, et les courses pour des personnes âgées… Mon père était primeur et le week-end il avait bien souvent des « bricoles » à faire pour les locataires… Il était rare que l’on ne soit pas dérangé et cela quelle que soit l’heure ou le jour, pas de dimanche ou de jours fériés … mes parents ont toujours été avenants et disponibles.
En 95, le syndic nous a réservé une belle surprise ! Suite à de gros travaux dans l’immeuble, on a déménagé dans un appartement avec 2 chambres et une vraie salle de bains ! Un luxe pour nous ! Dans la foulée, ils ont proposé à ma mère un poste à temps complet de gardienne d’immeuble, ce qui a changé notre vie au quotidien. Elle était là pour nous préparer nos déjeuners (fini la cantine !), nos goûters…
Et puis le temps est passé ... Pour ma part je suis restée sur PARIS et pas très loin du quartier ou j’ai grandi…. Du coup, Maman est devenue la SUPER MAMIE ! Ce métier lui laissant pas mal de temps libre, ma fille n’a jamais déjeuné à la cantine ou fait la sieste à l’école ! Les locataires sont toujours aussi gentils et ils sont heureux de voir la nouvelle génération grandir !
A présent, ma mère ne travaille plus pour des raisons de santé, mais elle habite toujours dans la loge. Elle n’effectue plus les tâches difficiles, mais elle rend toujours service : clé, colis, ascenseur en panne… et on le lui rend bien.
Quitter cet appartement et le quartier sera probablement un déchirement le moment venu pour elle mais aussi pour nous…
La profession de ma mère ou la taille de ma maison n’a en rien affecté mon enfance qui a été heureuse et saine.
Mes parents ont fait le choix de rester sur Paris afin de nous offrir le meilleur : de bonnes écoles, un environnement stable, la famille) à proximité… et même si notre maison était petite, elle était la plus douillette !
Rose Pereira
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