Lilia et Luis, exilés portugais, partagent leur vie avec leurs deux enfants à Tremor de Arriba, petit village minier de la province de Castilla et Léon située au nord-ouest de l’Espagne, où Luis est mineur depuis 14 ans.
Ils ont là-bas, leur maison et leur famille, leur existence et leur passé. Comme la plupart des habitants de la région, leur avenir dépend de l’extraction du charbon.
Seulement voilà, depuis quelques années, une importation déloyale conduit les puits espagnols à fermer les uns après les autres. Les mineurs devront bientôt cesser définitivement le travail. Le sol espagnol regorge pourtant de charbon.
A l’instar de milliers d’ouvriers en Europe, ils sont victimes de l’implacable logique économique européenne qui oblige des milliers de gens en Europe à cesser leur activité et à repenser leur vie.
Lilia et Luis s’y refusent. Comment peuvent-ils se résoudre à accepter une fin inéluctable des mines en Espagne puisque le gisement de charbon est loin d’être épuisé ? A Bruxelles comme à Madrid, on ne leur donne aucune explication et rien ne leur est proposé. Ils ne peuvent pas croire que leur gouvernement est en train de les abandonner. Et pourtant, c’est bien ce dont il s’agit.
Leur réponse est de se réfugier dans une lutte opiniâtre.
Après une grève de 26 jours au fond de la mine et par 600 mètres de fond, Luis et ses compagnons sont retournés au travail et chaque jour, ils extraient à perte le charbon, dans un refus et une incompréhension absolus des réalités européennes qui sont venus les frapper. Ils ne lâchent pas et occupent le terrain revendiquant dans un silence assourdissant leur travail et la nécessité vitale de l’exercer. Parce que ce qu’on leur enlève est tout simplement leur vie. L’inacceptable est tout d’abord incompréhensible.
Mais contre qui se battent Lilia et Luis ? Leur adversaire est un Goliath sans forme et sans tête. Un pouvoir monstrueux qui ne les connait pas et qui jamais ne les entendra. Cruellement, le combat de Lilia et Luis est perdu d’avance puisqu’il n’existe pas, sinon que pour eux et dans un sens unique.
Il leur faudra bien se reconstruire. A quel prix ?
Lilia, Luis et la Marche Noire est le récit d’une histoire vécue par ce jeune couple d’européens dont le destin bascule après la disparition de la principale activité économique de leur pays. Emportés dans une improbable lutte aux accents de Cervantès, Lilia et Luis devront inéluctablement tourner la page et se reconstruire une vie.
Un film sur un impossible tournant ordonné par une autorité déshumanisée et anonyme. Qu’est ce que l’Europe ? Qui la dirige ? A qui s’adresse t-on quand tout vous est enlevé et que tout s’écroule ?
Un film sur un aphone cri jeté dans un temps en suspens, l’espace qu’il faut vivre entre fin d’activité et reconstruction.
(* La Marche Noire est le nom donné aux marches sur Madrid qui ont réuni des milliers de mineurs lors des mouvements de grève de septembre 2010.
En hommage aux combats des mineurs, elle évoque ici le tournant dans la vie de Lilia et Luis.)
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