Re-édition des Editions Chandeigne
"Le fado, chant de Lisbonne, fait aujourd’hui partie du paysage musical international.
Témoignage d’une culture spécifiquement urbaine, s’il trouve aujourd’hui les conditions pour s’apprécier à grande échelle, grâce à des disques ou des concerts qui permettent à une poignée d’artistes de scène de vivre de leur art, ce chant est aussi, et avant tout, une pratique locale, un chant qu’on interprète de manière spontanée, entre amateurs. Comme toute expression d’origine populaire, les contours du fado semblent flous : on le dit gai et triste, misérable et aristocratique, révolté et conservateur. Il est parfois cérémonieux, parfois provocateur ; il laisse pensif ou invite à la danse. Au hasard des rues de Lisbonne, il s’échappe par éclats d’une taverne d’habitués, il résonne toute la nuit dans une association de quartier ; il s’affiche aussi sur la devanture d’un restaurant cherchant à attirer le touriste. Ses lieux semblent toujours comme retranchés du réel : on chante dans la pénombre, toutes portes closes. On écoute absorbé, accoudé à une table, parfois un peu voûté, laissant à l’imaginaire le soin de compléter les ombres, au rythme de son for intérieur. Les guitares appellent le silence, sorte d’intervalle entre le temps du dehors et ce rêve absent que réinventent les voix. Fadistas et guitarristas, souvent de noir vêtus, s’apprêtent ; les femmes revêtent parfois leur châle sombre.
Dans cet univers où les frontières de la scène s’effacent, on invite l’étranger à s’associer au rituel, en lui rappelant : « N’est pas fadista seulement celui qui chante, mais aussi celui qui sait écouter ».
Mais les gens de fado - ceux qui côtoient le fado au quotidien - défendent l’unité inaltérable de leur chant, soudé par une appréhension particulière des choses de la vie : une « Étrange manière de vivre », qui se perpétue depuis l’apparition du fado, dans le second quart du XIXe siècle."
Le livre est accompagné d’un cd audio d’environ 50 mn d’enregistrements de fado vadio (fado populaire) comme illustration musicale, réalisé en partie en collaboration avec les « Carnets nomades » de Colette Fellous.
Foi por vontade de Deus
Que eu vivo nesta ansiedade
Que todos os ais são meus
Que é toda minha a vontade
Foi for vontade de Deus
Que estranha forma de vida
Tem este meu coração
Vive de vida perdida
Quem lhe daria o condão
Que estranha forma de vida
Coração independente
Coração que não comando
Vives perdido entre a gente
Teimosamente sangrando
Coração independente
Eu não te acompanho mais
Pàra deixa de bater
Se não sabes onde vais
Porque teimas en correr
Eu não te acompanho mais
Se não sabes onde vais
Pára deixa de bater
Eu não te acompanho mais
TRADUCTION LIBRE
Coeur indépendent, coeur indomptable, tu vis perdu dans la multitude, d´une douleur obstinée, coeur indépendent, je ne te suis plus, arrête, arrête de palpiter, tu ne sais pas où tu vas, pourquoi t´obstines-tu dans ta course ?
une belle version dans Fados de Carlos Saura interprétée par Caetano Veloso :
http://www.youtube.com/watch?v=Flv7fVKNgKg&feature=PlayList&p=EFB66454F2C04367&playnext=1&playnext_from=PL&index=3
... et pour écouter la version en entier avec des images de Lisboa :
http://www.youtube.com/watch?v=q-w2jfW4PeQ
Rédigé par : Paola | 26/04/2009 à 22:30